RÉTROSPECTIVE GILLES GRANGIER

Aux Écoles Cinéma Club à partir du 15 janvier

Une rétrospective Gilles GRANGIER en 5 films :

  • 125 RUE MONTMARTRE : Restauration 2K menée par Pathé et exécutée au laboratoire Eclair pour la partie image et L.E. Diapason pour la partie son, avec le soutien du CNC. (FESTIVAL CANNES CLASSICS 2019)
  • MEURTRE À MONTMARTRE : Restauration 4K menée par Pathé et exécutée au laboratoire Eclair, avec le soutien du CNC. (FESTIVAL LUMIERE CLASSICS 2021)
  • LE SANG A LA TÊTE : Restauration 4K menée par Pathé et exécutée au laboratoire Neyrac Films. (FESTIVAL DE LA ROCHELLE 2022)
  • TROIS JOURS À VIVRE : Restauration 4K menée par Pathé et exécutée au laboratoire L’Image Retrouvée, avec le soutien du CNC.
  • AU P’TIT ZOUAVE : Restauration 4K menée par Pathé et exécutée au laboratoire L’Image Retrouvée.

Gilles Grangier (1911- 1996), réalisateur et scénariste, est une figure marquante du cinéma français des années 1950 et 1960. Il débute au cinéma en tant que figurant et régisseur, avant que Georges Lacombel’engage comme assistant réalisateur sur le tournage de Le cœur dispose en 1936, puis Sacha Guitry en 1937 sur le tournage de Désiré. Il se tourne alors vers la réalisation, grâce au soutien de son ami l’acteur Noël-Noël qui le recommande auprès de plusieurs producteurs. Le cinéaste devient rapidement un auteur à succès, dont la vocation est de plaire au plus large public, tout en s’essayant à différents genres. Réalisateur prolifique, ila su développer une approche qui combine une narration fluide avec des thématiques universelles, souvent inspirées par le quotidien et la vie populaire. Ses œuvres constituent de véritables documents sociologiques. Grand observateur du quotidien, Gilles Grangier a évoqué à travers ses films, les mœurs de son époque et les petits métiers. Il traite ses sujets avec aisance, passant du drame à la comédie, et pose avec talent les décors populaires de la France des années 1950 : il tourne fréquemment en extérieur, en banlieue, dans les bistrots, dans les rues de Paris. 

En équipe avec Michel Audiard, René Wheeler, Albert Simonin ou Albert Valentin, il construit une œuvre riche et variée. À travers ses films il peint un tableau vivant et poignant de la société de l’époque grâce à une galerie de personnages haut en couleur interprétés par de grands acteurs et actrices de l’époque : Noël Roquevert, Lino Ventura, Paul Frankeur, Jeanne Moreau, Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier. Et bien sûr Jean Gabin, avec qui il collabore sur onze films et à qui il offre quelques-uns de ses plus beaux rôles.

Le style cinématographique de Grangier se caractérise par une mise en scène sobre et une attention particulière aux dialogues, permettant de donner vie à des personnages profondément ancrés dans la réalité sociale et culturelle de leur temps. Grangier excelle à créer une atmosphère à la fois authentique et captivante, plongeant le spectateur dans l’univers complexe de ses protagonistes. Ses films dépeignent des héros ordinaires, des gens du peuple, souvent confrontés à des dilemmes moraux ou des situations inextricables. La mise en scène de Grangier se caractérise par une grande sobriété. Il privilégie des plans longs et des dialogues naturels, évitant les artifices et le spectaculaire. Cette approche réaliste contribue à l’immersion du spectateur dans l’univers du film. Les décors, souvent urbains, jouent un rôle crucial, servant de toile de fond à des récits qui explorent la vie quotidienne. Grangier sait également insuffler une dimension humaine à ses récits grâce à un mélange habile d’humour et d’émotion. Ses dialogues, souvent teintés d’ironie, reflètent une compréhension profonde des dynamiques sociales et des relations humaines, cette dualité permet de créer une atmosphère à la fois légère et grave.

Son œuvre se situe à la croisée du cinéma populaire et du polar. Grangier s’inspire de la tradition du film noir, mais sans sombrer dans le cynisme. Au lieu de cela, il propose des histoires où les tensions morales et les conflits intérieurs prévalent. Ce mélange de genres contribue à l’universalité de ses thèmes, abordant des questions de loyauté, d’honneur et de destin. En somme, le style de cinéma de Gilles Grangier est un équilibre délicat entre réalisme, simplicité et profondeur. Ses films, souvent marqués par une esthétique soignée et des dialogues ciselés, continuent de résonner aujourd’hui, rappelant l’importance d’une narration tournée vers l‘humain. Sa capacité à donner vie à des récits qui parlent à chacun en fait un réalisateur incontournable de son époque.

Décrié par les cinéastes de la Nouvelle Vague comme Godard, Truffaut ou Chabrol, son cinéma a perdu en visibilité pendant de nombreuses années. Cependant un regain d’intérêt pour son oeuvre semble se profiler ces dernières années, une rétrospective de ses films est organisée par le festival Lumière à Lyon en 2021, et qui a donné suite la même année à la réédition de “Passé la Loire, c’est l’aventure” une série d’entretiens que le cinéaste eut avec François Guérif et qui furent publiés une première fois par Terrain vague en 1989. Cette nouvelle rétrospective qui débute le 13 novembre 2024 donne une synthèse de l’oeuvre de Grangier dans les années 50 comme chronique de cette décennie, à travers cinq films :  Au p’tit zouave (1950), Le Sang à la tête (1956), Meurtre à Montmartre (1957), Trois jours à vivre (1957), 125 rue Montmartre (1959).